La Chapelle au Pied-du-Lac, située à Rivière-Bleue, a été le théâtre de festivités vendredi, samedi et dimanche visant à souligner le 100e anniversaire de sa construction. Quelque 250 personnes ont bravé la pluie pour participer aux différentes activités, toutes plus originales les unes que les autres. Le Soleil a fait une incursion au coeur de l’histoire plutôt singulière de la seule communauté protestante francophone du Témiscouata de l’époque et de son temple devenu un lieu culturel, patrimonial et communautaire.
D’ailleurs, comment expliquer la présence d’une communauté protestante francophone dès 1908 au Bas-Saint-Laurent? Il faut se rappeler que, dans la seconde partie du 19e siècle, des milliers de Canadiens français sont partis pour aller travailler dans des filatures aux États-Unis. Or, certains d’entre eux s’étaient convertis au protestantisme. Quelques décennies plus tard, certains ont choisi de revenir dans leur région natale.
Dirigés par Joseph Godreau de Waterville, au Maine, ainsi que par son beau-frère Luc Pelletier, l’arrière-grand-père maternel du comédien Réal Bossé, originaire de Rivière-Bleue, ils formèrent un groupe qui s’est installé au Pied-du-Lac-Long et dans ses environs. Dix ans plus tard, la communauté baptiste évangélique comptait 225 fidèles. La construction de la Chapelle au Pied-du-Lac a commencé en 1921, pour être officiellement inaugurée le 31 janvier 1923.
Des retrouvailles, notamment entre descendants de la communauté protestante du Pied-du-Lac et les anciens élèves de son école, étaient au programme du vendredi. Une visite des lieux et de l’exposition à l’intérieur de la chapelle était suggérée, dont celle de l’école adjacente au temple, qui propose un voyage au début du 20e siècle.
Parcours déambulatoire
Après un souper communautaire placé sous le thème «Souvenirs d’enfance» avec, au menu, les patates à Bernard, des « ployes », de la salade à la crème et du jambon, les participants ont été invités à suivre les comédiens pour un parcours déambulatoire de contes et légendes improvisés intitulé «Faits divers». Dans une mise en scène de Réal Bossé, Roger Guay et Valérie Gauthier, l’activité relatait des faits d’époque et des événements vécus par certains membres qui ont marqué l’histoire de la communauté protestante de l’endroit.
Parmi les personnages du parcours se trouvait le Dr Joseph Caron, enterré au cimetière qui a été construit avant la chapelle. L’histoire de l’homme demeure nébuleuse. « On n’a rien retrouvé sur lui, confirme la généalogiste France Nadeau, une descendante de Joseph Godreau, premier colon à s’être installé à Rivière-Bleue. Il n’y a aucune trace de lui dans ce secteur. »
Le gospel à l’honneur
La journée de samedi s’est ouverte sur des ateliers de chants gospel et de promenades en carriole. Mahé, une autrice-compositrice-interprète qui a participé au dernier Festival Le Tremplin de Dégelis, a assuré l’animation musicale lors d’un souper communautaire, où elle a chanté Les temps changent, la chanson-thème du 100e anniversaire de la Chapelle.
N-Ké, une artiste de Trois-Pistoles, a ensuite offert ses plus beaux airs de blues et de folk avant que la soirée ne culmine par un concert gospel, avec la participation de membres du Grand Choeur Gospel de Québec, dirigé par Ludovic Dubé.
Dimanche, un brunch et le culte traditionnel avec chants gospel ont clôturé l’événement. Un livre a été lancé pendant l’événement. Intitulé Mémoire d’une différence, il a été écrit par Ruth Lepage et illustré par l’aquarelliste Isabelle Nisole.
Bilan positif
« Malgré la température, on a eu une belle participation, se réjouissait la vice-présidente de la Corporation de la Chapelle au Pied-du-Lac, Johanne Plante, à l’issue des trois jours de festivités. On a fait de belles rencontres. »
La présidente de l’organisme corroborait: « Les gens étaient très contents, a indiqué Ruth Lepage. Ils ont été surpris par la qualité de l’événement. » Si l’objectif était de faire connaître la chapelle, elle croit que l’événement y a contribué.
Mme Lepage souhaite maintenant que la Chapelle au Pied-du-Lac puisse devenir un lieu pour accueillir des spectacles, des ateliers, des expositions, des réceptions, des cérémonies de mariages civils, de baptêmes ou de commémoration funéraire. Selon la présidente de la Corporation, une activité avec Réal Bossé devrait avoir lieu à cet endroit à l’automne.